Originaire des Pays-Bas, Nelleke Strik travaille en tant que psychothérapeute à Halifax. Après avoir étudié et travaillé dans le domaine de la linguistique pendant plusieurs années en France et à Toronto, entre autres, elle a fait une transition de carrière vers la psychothérapie. Elle dit avoir été motivée par le désir d’aider les gens en difficulté ainsi que son intérêt dans les relations humaines. Le français a toujours joué un rôle important dans sa vie et elle s’implique dans la communauté francophone de la région d’Halifax. Elle souligne l’importance de la santé mentale dans la santé globale de la personne, ainsi que lien entre la santé physique et la santé mentale.
Dans quelle région de la Nouvelle-Écosse habitez-vous et où est-ce que vous avez grandi?
J’habite et je travaille à Halifax, mais j’ai grandi dans un village aux Pays-Bas. J’ai fait des études de français à Amsterdam et pendant mes études j’ai déménagé en France, où j’ai habité pendant neuf ans. J’ai déménagé au Canada par la suite.
Dans quel domaine et/ou spécialité de soins de santé travaillez-vous? Décrivez-nous une journée de travail typique.
Je travaille en psychothérapie, à Family Service Association, une agence communautaire à but non lucratif. En principe, tous les jours j’ai des rendez-vous avec des clients et normalement chaque rendez-vous dure 50 minutes à une heure. En général, je vois entre quatre à six personnes par jour. Entre les sessions, je dois travailler sur mes notes ou me préparer pour les sessions et parfois j’ai des réunions de supervision ou des réunion d’équipe.
Lors des sessions mêmes, l’approche dépend des clients. Je travaille avec des individus mais aussi avec des couples et parfois des familles. En général, c’est surtout de la conversation ou on travaille sur une activité ensemble. La conversation elle-même est structurée mais en même temps assez libre et ça varie selon la situation des clients.
Les troubles qu’on traite sont très vastes. Souvent c’est la dépression, l’anxiété ou les angoisses, ainsi que les problèmes de relations, c’est-à-dire les couples, mais aussi les individus qui ont des difficultés liées à leurs relations de famille. On traite le deuil aussi et parfois des événements traumatisants du passé. De temps en temps, il y a des gens qui ont besoin d’un peu de direction par rapport à leur carrière ou les gros choix de la vie. Parfois c’est des gens qui ont une dépendance d’alcool ou de drogue.
Pourquoi avez-vous choisi une carrière en soins de santé?
J’ai fait une transition de carrière, alors c’est assez récent que je travaille dans ce domaine. Ça découlait du fait que j’avais une envie d’aider ou de soutenir les personnes en difficulté mais aussi un intérêt plus général pour les gens et les relations et interactions humaines, qui m’ont toujours intéressées. C’est le fait de faire quelque chose pour aider les gens ou peut-être la société, même de façon très petite ou modeste, parce qu’on travaille d’un à un, ou parfois avec deux clients. Du côté plus pratique, mon autre carrière s’est terminée plus ou moins et j’ai voulu retourner à l’université et faire des études dans un autre domaine, et donc dans le domaine de psychothérapie.
Où avez-vous fait vos études?
J’ai fait mes études en psychothérapie (Master of Education in Counselling) à l’université Acadia, à Wolfville, et en fait j’ai fait le programme à temps partiel parce que je travaillais en même temps. La plupart de mes cours n’étaient pas à Wolfville mais à Halifax, c’était des cours offerts le week-end dans les bâtiments de Mount St. Vincent. J’ai fait quelques cours en ligne et l’été j’avais des cours à Wolfville. C’était vraiment un programme spécifiquement en psychothérapie, donc ça m’a bien préparé pour ce type de travail. Je voulais faire quelque chose ici à Halifax ou en Nouvelle-Écosse et j’avais entendu parler de ce programme de plusieurs personnes. Je me suis renseignée et j’ai vu que ça correspondait à ce que je voulais faire.
Quel a été votre parcours professionnel?
Mon parcours est un peu atypique. J’avais fait des études en français et en linguistique aux Pays-Bas, à Amsterdam, et une partie de mes études je les ai faites en France. Après, j’ai fait une maîtrise et un doctorat en France, à Paris, en linguistique ou science du langage. Pendant mon doctorat, j’enseignais des cours de linguistique mais aussi des cours de néerlandais, ma langue maternelle.
Ensuite, j’ai déménagé au Canada, à Toronto, pour un poste de post-doc, alors j’étais chercheuse à l’université de Toronto. J’ai fait de la recherche surtout et un peu d’enseignement. Ensuite, j’ai déménagé ici pour travailler à Dalhousie, dans le département de français, mais c’était un poste de deux ans qui ne pouvait pas être renouvelé. C’est donc à ce moment-là que, pour plusieurs raisons, j’ai pensé que je voulais faire autre chose. J’ai vraiment aimé ce que je faisais comme travail avant, mais dans le monde universitaire il y avait peu de postes ou il fallait déménager pour un contrat d’un an ou deux ans et je ne voulais plus faire ça. J’avais juste l’intuition que je voulais faire autre chose et c’est à ce moment-là que j’ai entendu parler du programme à Acadia.
Est-ce que le fait que vous avez fait des études en linguistique a eu un impact sur votre travail en tant que psychothérapeute aujourd’hui?
Je pense que ça m’aide, surtout l’aspect français, parce que ces dernières années, pendant que je faisais mes études j’ai enseigné le français, un peu à Dalhousie mais aussi à l’Alliance Française, alors c’est comme ça que j’ai pu connaître un peu plus la communauté francophone ici. Je peux maintenant aussi travailler en français. Même si j’ai changé de carrière, je pense que le français c’est un atout.
Quel rôle joue la langue française dans votre vie?
Ce n’est pas ma langue maternelle, mais pour moi le français c’est important. C’est une langue qui m’a toujours attirée, alors c’est pourquoi j’ai fait des études en français et j’ai habité en France et ça a toujours été une partie importante de ma vie professionnelle. Je m’implique un peu dans la communauté francophone ici. Ça me manque un peu dans mon travail maintenant. Bien que je voie des clients francophones de temps en temps, la plupart de mes clients sont anglophones.
Pourquoi, selon vous, est-il important de servir les membres de la communauté acadienne et francophone dans leur langue?
C’est important d’avoir des services complets dans tous les domaines de la vie, y compris la santé, dans sa langue maternelle. Je pense que c’est important pour un pays bilingue, comme le Canada, qui a une population qui parle les deux langues, et d’autres langues d’ailleurs, d’offrir ces services. Pour le domaine de la santé, c’est assez crucial en fait. C’est important pour les gens de pouvoir s’exprimer librement ou complètement dans ce domaine. Si ça touche la santé physique mais aussi la santé mentale, ce sont des sujets qui touchent l’identité même des gens.
Qu’est-ce que vous aimez faire en dehors du travail? Avez-vous des loisirs ou participez-vous à des activités dans votre communauté?
J’aime lire, regarder des films, marcher ou courir, voyager (ma famille et beaucoup de mes amis habitent en Europe). J’aime aussi méditer – je suis impliquée dans la communauté Shambhala, une communauté bouddhiste. C’est une partie assez importante de ma vie. Je suis également impliquée dans la communauté francophone. Je viens de commencer à faire du bénévolat pour Immigration Francophone Nouvelle Ecosse, par exemple.
Avez-vous des suggestions de changements simples que les gens peuvent faire pour améliorer leur état de santé?
Je pense qu’une activité physique régulière, même très simple comme marcher, ça a un effet bénéfique, ainsi qu’une alimentation saine. Je crois beaucoup au lien entre la santé physique et la santé mentale, donc l’activité physique ça aide à la santé mentale. Méditer, même brièvement, je sais que ce n’est peut-être pas pour tout le monde, mais en même temps ça peut être bien. Il y a de plus en plus de recherches sur ce qui se passe dans le cerveau quand on médite. Je dirais aussi le sommeil, avoir assez de repos ou sommeil, même si par ailleurs, c’est quelque chose que je n’ai pas toujours moi-même.
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